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Film de Man Ray - 1929
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Réalisation: Man Ray
Scénario: Man Ray
Photo: Jacques-André Boiffard et Man Ray
Interprètes: Alice de Montgomery, Le Comte Etienne de Beaumont, Le Vicomte Charles de Noailles, Marie-Laure de Noailles, Eveline Orlowska, Bernard Deshoulières, Marcel Raval, Lily Pastrè, M. et Mme Henri d'Ursel, Jacques-André Boiffard et Man Ray
Durée: 26 min; NB, muet avec accompagnement musical
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"Un jour je reçus du vicomte de Noailles une invitation à dîner suivi de la projection en avant-première, d'un nouveau film dans la salle de cinéma privée qu'il avait installée dans son hôtel particulier à Paris. [...]
Après la projection, il me prit à part pour me dire qu'il allait bientôt partir pour son château, dans le midi. Il avait coutume de passer ainsi, au milieu de chaque hiver, quelques semaines à l'écart des rigueurs du climat parisien. Il m'invita au château, aussi longtemps que je voudrais.
Sa proposition était intéressée, m'avoua t-il franchement. Il voulait que j'emporte ma caméra et que je filme les installations de son château ainsi que ses collections d'oeuvres d'art. Le château était très moderne. Noailles voulait aussi quelques séquences montrant ses invités se divertissant dans la salle de gymnastique et dans la piscine. Le film ne serait pas diffusé. Plus tard, il serait projeté pour les invités, à titre de souvenir".
Charles de Noailles s'adresse à Man Ray à un moment de sa carrière où l'artiste doute de son avenir de cinéaste. Seul un projet sans limites ni financières ni esthétiques, quadrature désespérée dans le domaine cinématographique, était susceptible de réveiller en lui le goût pour l'image en mouvement.
Contrairement à ses habitudes cinématographiques, basées sur l'improvisation et la captation d'images à l'aventure, Man Ray rédigera un "simple avant-projet", un canevas basé sur une analogie entre la géométrie des espaces architecturaux du château des Noailles et le poème de Mallarmé.
La référence au poème de Mallarmé a toujours été revendiquée par Man Ray, et le titre en est issu, ainsi que les trois cartons " Un coup de dés... / ...jamais n'abolira... / ...LE HASARD", dont il reprend les césures originelles et l'innovation typographique.
Le principal emprunt à Mallarmé est la prégnance du hasard et du lancer du dé dans le déroulement du film. Les deux voyageurs du début du film s'en remettent au hasard, les dés décidant s'ils se rendront ou non dans un lieu mystérieux. Ces derniers participent de la logique du film; aurait-il même existé si le lancer avait été différent... Dans le cours de l'action, les dés décideront du déroulement et de la suite des événements, jusqu'au "... qui restèrent ?", "... qui ne restèrent pas ?" de l'épilogue.
Les masques avaient pour fonction de vaincre l'inhibition d'acteurs amateurs: "Les invités hésitaient. Ils ne se trouvaient pas assez photogéniques pour affronter la caméra. Je déclarai que j'avais résolu ce problème sans recourir à un maquillage fastidieux. Je courus alors jusqu'à ma chambre, enfonçai un bas de soie sur ma tête, et réapparus devant les invités, anonyme, quoique mes traits fussent vaguement suggérés. Soulagés, les invités approuvèrent mon idée et se mirent à ma disposition".
Extraits de Man Ray, directeur du mauvais movies, Jean-Michel Bouhours (Editions du Centre Georges Pompidou, 1997) |
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